"Développement Durable" 2.0 ...?

Le lancement du Développement Durable et du principe de Responsabilité Sociale, à la suite du rapport Bruntland en 1987 et de la Conférence de Rio en 1992, a défini une vision et des objectifs mais n'a pas défini de trajectoire, ni de méthode tant le sujet est complexe. Les auteurs qui ont produit des livres de prospective sur les changements attendus avec le développement durable/soutenable pointent l'ampleur des mutations profondes qui sont nécessaires dans l'économie, la production, le commerce, la consommation, autant que dans les politiques qui régulents. Je crois qu'il faut faire évoluer les discours de première génération du développement durable, qui ont servi à créer une conscience planétaire plus ou moins consistante et à détrôner la notion de Progrès. Le terme développement durable est devenu une "nominalisation" fourre-tout (concept-valise), un "lieu commun " d'où peuvent partir nombre de théories, de démarches, de doctrines. Les paradigmes scientifiques du développement durable et de la responsabilité sociale peinent à être formulés.
Il y a ceux qui croient que l'économie de fin de 20ème siècle peut s'adapter à moindre coût aux nouvelles contraintes sur l'environnement, (santé/toxicité), sur les ressources (épuisement), la biodiversité (érosion irréversible), le climat (changement global) et les nombreuses plaies qui touchent les humains. Ils décrivent un monde de soutenabilité "faible" tapissé de regrets et de fatalité.
Il y a ceux qui veulent changer les logiques dominées par les occidentaux, mais adoptées par l'ensemble des peuples, perdant leur sagesse, leur mémoire, leurs capitaux immatériels. Ils décrivent une mutation profonde des sociétés humaines pour une soutenabilité "forte", ambitieuse, digne et visionnaire.
Le Développement durable, dans son discours de première génération, ne peux rien contre les forces d'appropriation des biens communs, de calculs de court terme, de spéculation, de monétarisation, de nivellement, de rationalisation et de fascination pour la technologie, la quantité, l'argent, la compétition. Les politiques de développement durable se résument en général par le "business as usual" si la peur de changer est trop grande ou que les acteurs du changement ne sont pas assez éveillés, ni conscients, ni prêts.

Le Développement Durable et ses questions corollaires sur l'éthique, la responsabilité et la gouvernance se définissent aujourd'hui sur des notions trop élémentaires en Ecologie, en Economie et sur l'Epistémologie de l'Action. D'ailleurs, les concepts à la mode du recyclage, de l'écologie industrielle, du bio-dégradable, de la gestion écologique, de la gestion de la biodiversité... ne tiennent pas sous l'éclairage des analyses chiffrée des flux de matière et d'énergie, du fonctionnement des écosystèmes, de la diffusion des pollutions dans l'environnement et de leurs pendants économiques. Je tenterais dans mon Blog d'illustrer ce constat en détail.
Je considère d'ailleurs que l'écologie politique, érigée en force d'opposition dans la période d'euphorie de la production industrielle des années 70-80 a divorcé de l'écologie scientifique des années fondatrices entre 1920 et 1960. Le divorce a eu lieu à la fin des années 70 et depuis, les uns et les autres vivent sur un souvenir idéalisé de l'autre ou s'ignorent. Quittons la métaphore, je trouve étonnant que l'écologie politique fonde ses idées politiques sur une connaissance maintenant ancienne et élémentaire, c'est à dire dépassée du fonctionnement de la Biosphère, des écosytèmes, de l'évolution et de la Vie. L'Ecologie en tant que science est d'ailleurs méconnue, mal vulgarisée et profondément divisée en courants de spécialités académiques qui se méprisent relativement. Il est frappant de constater que les spécialistes de l'écologie "naturaliste" ignorent les développements récents de "l'écologie industrielle" et vice versa. Une liste très ouverte des courants actuels de la science pourrait être : écologie naturaliste, écologie des milieux naturels, écologie quantitative et fonctionnelle, écologie globale, (sciences de la Terre), écologie industrielle, métabolisme sociétal et économie écologique, écologie humaine, médicale et sociale, écologie urbaine, écologie de l'esprit, écologie des entreprises et des organisations...
Pourtant, assez confidentielle, la convergence des chercheurs pour une Ecologie Unifiée ou Généralisée se fait, notamment dans le cadre international de la "New Ecology" coordonnée par le Pr. S. Jorgensen au Danemark depuis la fin des années 1990.

En l'attente d'une théorie acceptable de la Soutenabilité des activités humaines et de la science Ecologie, je propose donc d'apporter les arguments d'un discours de deuxième génération sur le Développement Durable et la Responsabilité Sociale à partir d'une revue des 21 concepts opérationnels, incontournables de la Soutenabilité de l'Economie et de la Responsabilité Sociétale (SE&RS).
Ces concepts ont fait l'objet de publications académiques et d'expérimentations par des industriels, des citoyens éclairés ou parfois des gouvernements et leurs institutions. Ils ne relèvent plus de l'idéologie ou de la prospective du début du développement durable. Ils sont de nouvelles voies que l'on ne peut plus ignorer, notamment quand on est un professionnel ou un politique.
L'éclairage des données scientifiques et d'ingénieur récentes est essentiel pour caler les objectifs et le bien fondé des mesures "soutenables/durables, écologiques, énergétiques, responsables" qui fonctionnent et les conditions de leurs effets.
Il s'agit de revisiter les fondements du Développement Durable de première génération (alors considéré en "soutenabilité faible") et de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE ou éthique des affaires) héritées des années d'euphorie financière et de mondialisation (1985-2000), pour sortir des approches normatives et idéologiques bloquantes.
Pour cela je fais un lien entre les ingénieries, les concepts avancés et récents issus de la science et les principes de management, de gestion et de politique qui peuvent porter une innovation de raisonnement.
Les calculs énergétiques et économiques de flux de matières et d'énergie sont la base de mon travail et du choix des principes de management que je propose de mobiliser. Je fais donc fortement référence à une nouvelle "écologie de l'économie", cohérente avec les développements les plus récents de l'écologie scientifique.
Cette veille quasi exhaustive SE&RS a pour but d'identifier les concepts et principes pour assembler les technologies, les ingénieries et les activités de services. La maîtrise des 21 Principes SE&RS permet de générer des scénarios du Management des Transitions pour la Soutenabilité et la Responsabilité (MTSR). Les scénarios sont le support assez souple pour évaluer les modèles économiques et la gouvernance de la transition, et ajuster la trajectoire, en rupture ou en transformation progressive depuis l'économie classique. Selon les cas, des changements de logiques de pensée assez radicaux peuvent être nécessaires, comme de passer des logiques de production "aveugle" et de moyens vers celles de la finalité, de la sobriété et d'une consommation soutenable et responsable.
Le principe de gérer des transitions modifie radicalement le ton des discours, de la rhétorique pour convaincre que quelque chose puisse et doive changer et dans quel sens. Avec le MTSR, les objectifs de soutenabilité peuvent évoluer selon les résultats et les opportunités de trajectoire, et en tous les cas selon les contextes régionaux, politiques et culturels.

Je propose d'aider mes clients, entreprises ou institutions publiques, à formuler leur propre politique sur la Soutenabilité (des activités) et la Responsabilité Sociétale qui engage sur ce que l'on peut tenir sur le long terme, pour être crédible. Cette démarche s'inscrit en opposition aux démarches de "communication verte" et de "soutenabilité faible (business as usual)" qui dominent les pratiques actuelles. Il s'agit de créer sa propre idéologie et parfois sa propre doctrine.
Plus encore, un déchiffrage permanent et approfondie est nécessaire entre (1) les développements théoriques les plus récents en science écologique, environnementales et économiques, (2) une revue critique des méthodes empiriques d'ingénierie écologiques, environnementales, industrielles, urbaines, agronomiques et sylvicoles, halieutiques et aquacoles (3) les principes de management et de gestion qui inspirent les organisations et (4) la formulation et la conduite des politiques publiques.

La méthode : décrypter les logiques anciennes et concevoir des logiques nouvelles – du Développement Durable à une "Nouvelle Economie Soutenable" – passer de la logique de marché à la logique de responsabilité pour un partenariat global et vertueux, "gagnant-gagnant", entre les entreprises, les autorités publiques et l'individu-Consommateur-Citoyen-Travailleur. Il s'agit d'intégrer la productivité des ressources dans l'économie.

Par ailleurs, je défends la théorie selon laquelle les "écosystèmes humains" ne suivent pas les mêmes propriétés bio-physiques que les écosystèmes naturels (propriétés de système).
Les conséquences politiques sont considérables. Il s'agit de distinguer ce qui relève de l'Ecologique et du Soutenable en référence une théorie de l'Ecologie Généralisée qui relie les sciences naturalistes, les sciences de l'environnement, de l'économie de l'écologie industrielle et d'une écologie de l'Homme revisitée.

Je propose donc à ceux que je conseille un travail sur l'utilisation des Ressources, sur les critères et les objectifs de la Soutenabilité (en rapport avec l'économie dans laquelle ils s'insèrent) et sur leur Responsabilité Sociétale pour formuler une politique originale et intégrée d'engagement de long terme et de transition progressive ou brutale, selon les cas.
Cette démarche s'incorpore aisément à une démarche de réflexion stratégique traditionnelle. Elle évite de plaquer des recettes de développement durable et d'éthique trop élémentaires et conventionnelles qui ne seront pas intégrées.

Mes recherches académiques portent sur : Economie des ressources, Analyse des Flux de Matière et d’Energie (Métabolisme industriel et domestique), Ecologie théorique généralisée, Management Environnemental, Durabilité/soutenabilité de l’Economie, Services des écosystèmes ou écocomplexes, Exploitation écosystémique des ressources naturelles et de la biodiversité, Mobilisation des Ingénieries Ecologique et Environnementale, Prospective écologique territoriale, Ecologie Urbaine, Prospective en Ecologie Généralisée.
J'enseigne le résultat de mes recherches dans des cours spécifiques des écoles du groupe privé d'enseignement supérieur IONIS Education Group en France et dans des programmes de master en Afrique sub-saharienne, dans le cadre du nouvel Institut de Formation et de Recherche sur le Développement Durable (IFORDD) basé à Lomé au Togo. Je développe aussi des conférences à destination des Ecoles de commerce, d'ingénieur et d'architecture qui souhaitent ouvrir leur étudiants à une intégration innovante des concepts les plus avancés de la soutenabilité des activités et de la performance globale dans leurs métiers.
Je participe à des consortiums de recherche internationaux, notamment un consortium conduit par l'IRD sur une analyse éco-énergétique, environnementale et économique ambitieuse de la première pêcherie mondiale en tonnage au Pérou.

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