Crédo...

L'Homme n'est pas mauvais, il apprend !
L'espèce humaine a créé un système émergeant qui s'est singularisé par rapport aux écosystèmes naturels dont elle est issue. La conscience humaine est un attribut à l'origine de cette singularité et génère de nouveaux systèmes (anthropiques et artificiels) où la domestication et la création de machines sont des moteurs puissants. Etant donné la dominance de la logique de moyens et l'expression des "intentions" humaines, on ne sait si ces nouveaux systèmes peuvent être "écologiques", comme le sont les systèmes "naturels" sans l'Homme.
Comme toute espèce vivante, l'espèce humaine a changé son environnement. L'expansion humaine a pris une ampleur qui bouscule l'écosystème planétaire dans ses mécanismes les plus globaux.
L'adéquation entre ces systèmes émergeants et la "Nature" est en train de se faire... ou de ne pas se faire. Les humains sont la première espèce animale à avoir les capacités de se réguler elle-même du fait de sa conscience et de son interaction avec le Monde.
Cette vision de la place de l'humain dans la Nature est issue d'une interprétation moderne de l'anthropologie (Culture matérielle) et de l'écologie humaine (sous son angle scientifique).
Cette position change beaucoup de choses de la position "alarmiste" et "moraliste" de l'écologie politique et de l'altermondialisme actuel, sans nier les conséquences inquiétantes des pollutions et de la surexploitation des ressources. Mais les humains sont capables d'inventer des trajectoires originales. Les crises sont une opportunité de mutation de la civilisation.

L'éveil au "Développement Durable" est considérable car il met en cause la domination d'une certaine rationalité de moyens procurés par la technologie et l'information, ainsi que par le raisonnement économique autour de la monnaie (monétarisation des échanges humains). Pourtant, la Civilisation industrielle, mondialisée, technologique et monétarisée, dopée d'énergies domestiquées, négligente sur les conditions de la Vie et d'un humanisme dérivant a les moyens de s'autodiscipliner, s'auto-réguler et d'inventer une autre interaction avec la Nature.
Mais le modèle capable de cette nouvelle interaction entre les humains et le reste de la Biosphère n'existe pas encore.

Plus pragmatiquement, le Développement Durable/soutenable met en cause l'économie de Production et les logiques de Moyens. Néanmoins, les défenseurs parfois fatalistes, parfois mercantiles, du maintien des systèmes économiques et politiques classiques, interprètent la notion de Développement Soutenable comme une régulation supplémentaire capable d'améliorer le système tel qu'il est.
On oppose ainsi en Economie Ecologique les notions de soutenabilité "faible" et "forte". Avec la récolte de preuves scientifiques chiffrées sur la contamination de l'environnement et l'augmentation des coûts économiques des dommages occasionnés par l'activité industrielle et de consommation massive des ressources, il devient criant que la pensée économique classique n'est pas en mesure d'intégrer les immenses progrès intellectuels réalisés avec l'adoption des concepts de Développement Soutenable et de Développement Humain depuis maintenant environ 30 ans.
Prenant du recul, on peut se dire que les humains ont dû consacrer un effort important du point de vue évolutif pour l'éveil des individus, puis des communautés familiales, mais ils restent assez maladroits pour organiser leurs Sociétés. Les intérêts individuels et collectifs s'opposent souvent. Le développement soutenable nécessitera de faire évoluer radicalement le comportement collectif, les formes de gouvernances (démocraties ou autres à venir), les prises de décision (participatif ou représentatif), le partage des connaissances (compétition contre partenariats), le rapport à la Vie par la science (nouvelles philosophies et épistémologie), par la morale ou par la spiritualité.
Pour preuve, la crise économique (financière), sociétale et écologique actuelle appelle une réforme complète de l'économie, des modes de gouvernance, des théories de la valeur et des échanges qui a conquis les sphères intellectuelles et politiciennes les plus libérales et classiques.


Mais, la notion de Développement Durable ou Soutenable doit évoluer car elle est  connotée de la signification du "Développement" dans les règles de l'économie et de la géopolitique classique. Le Monde n'est pas encore sorti des modèles hérités des périodes coloniales, comme il n'est pas sorti de la fascination pour l'Industrie de Production et la Technologie des machines.
A cause de ces connotations et pour proposer un vrai changement de logiques d'action, il me semble nécessaire de dépasser les discours de première génération du Développement Durable et parler de Soutenabilité de l'Economie, de Développement Humain, de Responsabilité Sociétale.

Il devient nécessaire de faire évoluer l'esprit du Développement Durable/Soutenable en faisant évoluer les notions d'Humanisme, d'Ecologie, d'Economie, de Responsabilité, de Développement pour les rendre plus universelles et réconcilier les humains avec ce qui a fait leur évolution dans le processus de développement de la Vie. Or ce domaine est celui de l'Ecologie scientifique.
Cette science est en crise et souffre de la faiblesse des efforts publics de recherche alors que paradoxalement les crises majeures opérant aujourd'hui appellent à de nouvelles idées et une autre philosophie de l'Homme.
L'Ecologie en tant que Science devra trouver son unité et sa méthode pour renouveler l'interprétation que l'on doit adopter sur l'émergence des systèmes humains. Alors les humains pourraient envisager les conditions d'un partenariat viable avec les écosystèmes naturels, à l'échelle de la planète.
Pour l'action, il est encore temps ! De toutes les façons, l'évolution de l'écosystème planétaire et de la Vie est toujours en marche.

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