Raisons de renforcer les politiques de recherche en Ecologie

• On sait par l'analyse scientifique et économique, ce qui n'est pas soutenable ou durable (concepts récents de l'écologie et de l'économie des ressources et de l'environnement, sciences de la complexité et des systèmes). Néanmoins, ce bilan est controversé, stimule les mécanismes humains habituels de peur, de croyances, de déni, les jeux de pouvoirs et d'opportunités. Le champ de ce qui est possible sous la bannière du développement durable/soutenable est immense. Une articulation de la science avec le jeu politique est nécessaire pour définir une trajectoire nouvelle à l'humanité technologique, monétarisée, mondialisée, urbaine et institutionnalisée. On peut apprendre des erreurs du passé. Par essai-erreur, on pourra déterminer comment les modes de vie peuvent devenir Soutenables ou Durables dans chaque région du Monde. De la crise de conscience écologique, économique et sociétale actuelle se dessinera un nouveau Projet de Civilisation Ecologique. A défaut, des forces biologiques et environnementales risquent de corriger brutalement l'expansion humaine. Ce serait méconnaître la Nature que de croire qu'elle réagirait avec une intention pour se défendre. Pour comprendre quelles sont les chances de survie des humains contemporains, il faudra que la pensée politique et économiste mûrisse sur les idées de croissance et de développement, ainsi que de la soutenabilité.

• L'Homme n'est pas mauvais, il apprend ; le système humain est émergeant et modifie la biosphère et l'environnement planétaire dans une direction que l'on ne peut pas prévoir avec précision. L'incertitude demande un système de pensée adapté, un diagnostic original sur le monde et le développement d'une vision faite de rationalités et de confiance. Plus de science et de raisonnement économique renouvelle les savoirs et le champ des possibles. Plus de politique et de philosophie pour vivre en Société dans la diversité seront nécessaires aux humains contemporains pour continuer à évoluer.

• L'Homme contemporain ou moderne, industriel, urbain, mondialisé, monétarisé, poursuit le processus d'hominisation initié il y a environ 400 000 ans. L'espèce Homo sapiens ayant évolué avec des protèses artificielles et une pensée qui le rend capable de domestiquer les matériaux, les organismes, les énergies et les processus. Les interactions entre l'Homme et la Nature n'ont pas d'équivalent dans les systèmes naturels. Mais l'évolution de l'Homme moderne depuis l'époque des premiers paysans est toute relative. La civilisation humaine actuelle est en train de vivre un saut de développement extraordinaire. Pour l'intégrer, il faudra changer de mode de pensée.

• L'Ecologie scientifique est en crise de théories : les analogies et les métaphores écologiques dominent pour décrire ce qui se passe en ce moment à la surface de la Terre. Les théories de l'écosystème énoncée dans les années 50-70 notamment par E. ODUM sont trop élémentaires .pour décrire les systèmes naturels sans l'Homme, les systèmes industriels humains, l'écologie humaine dans son histoire et dans sa diversité. Un divorce a eu lieu dans les années 1970 entre l'écologie scientifique et politique au point qu'actuellement la science écologique reste cantonnée à des disciplines académiques secondaires dans le Monde entier. De son côté l'écologie politique revendique une inspiration "naturaliste" à l'image des théories élémentaires des années 70. alors que ses desseins sont de changer la trajectoire des humains. Et pourtant la pensée écologiste (écologie politique) peine à changer la pensée économique et à proposer un modèle de société acceptable.

• Le discours de première génération du Développement Durable atteind ses limites de trop de métaphores et d'analogies avec la Nature. Les termes d'environnemental, de durable/soutenable, d'écologique, d'écosystémique, bio-organique, recyclable, croissance et développement, sont utilisés avec une grande ignorance de ce qu'ils recouvrent du point de vue des théories récentes sur les écosystèmes et sur les bases bio-physiques rigoureuses de l'économie et des activités humaines. Un discours de deuxième génération sur la soutenabilité et sur la responsabilité sociétale devient nécessaire pour avancer sur les idées, la conscience, les politiques et les actions.

• L'engouement pour le développement durable stimule un éventail large de conceptions de la soutenabilité et des changements qui seront nécessaire pour obtenir des résultats satisfaisants et significatifs. On distingue très justement en économie la soutenabilité faible et forte. L'une revient à "verdir" l'économie classique par des mesures qui ne mettent pas fondamentalement en cause les logiques dominantes ("business as usual"). L'autre demande de changer de logiques, de la production aux services, de la centralisation à la diversification, de la quantité à la qualité, des moyens à la finalité. Le développement durable va demander une refonte de l'économie sur les ressources et les notions d'approvisionnement et de fonctionnalité. La finalité du développement humain est en question et les Autorités publiques devront définir de nouvelles politiques capables d'inciter les entreprises et les individus (Consommateurs-Citoyens-Travailleurs) à trouver un "partenariat Gagnant-Gagnant" et un nouveau moteur de croissance et de développement. La Responsabilité Sociétale guide ces dispositifs sur un meilleur calcul du coût global des activités des entreprises et des régulations publiques pour la Société. Ces préoccupations relèvent du registre du comportement social humain et n'a pas encore de lien scientifique avéré avec les théories écologiques naturalistes et systémiques qui décrivent les systèmes vivants. Les humains vont devoir inventer leur écosystème et le relier avec le fonctionnement auto-organisé des écosystèmes naturels.

• La crise de modèle écologique pour faire cohabiter l'Homme et la Nature dans un partenariat viable à l'échelle de la biosphère révèle les insuffisances de la théorie économique et de la monétarisation des échanges humains. L'avenir du Développement Durable est la soutenabilité des économies et la responsabilité des entreprises, des autorités publiques et des individus-consommateurs-citoyens-travailleurs pour faire évoluer le jeu de dupe mondialisé des marchés, de la justice et des institutions démocratiques.

• Une théorie généralisée des écosystèmes avec l'Homme (Ecologie Généralisée ?) n'a pas encore été formulée et un clivage existe entre Ecologie des naturalistes et Ecologie Industrielle, Humaine, Urbaine et Economie Ecologique, notamment sur les notions de métabolisme, d'écosystème, de croissance, de développement, d'évolution, de symbiose, de soutenabilité/viabilité.

• La science "Ecologie" doit proposer de nouveaux points de vue pour aider le développement humain et éclairer sur les critères de soutenabilité des activités. Mais les humains devront inventer leur propre régulation et les moyens de leur survie comme aucune autre espèce vivante n'a du et pu le faire. S'inspirer de la Nature en s'y conformant, pour rendre "écologique" l'économie humaine est illusoire. Les humains devront assumer leur conscience, leur capacité de penser et leur solitude pour faire évoluer l'écosystème planétaire en symbiose.

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